BCE : Une politique monétaire adaptée à un contexte en mutation
Le 17 octobre 2024, à l’issue d’une réunion à Ljubljana, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a pris une décision significative : une baisse de 25 points de base des trois principaux taux d’intérêt directeurs. Christine Lagarde, présidente de la BCE, accompagnée de Luis de Guindos, a annoncé cette décision qui reflète l’évaluation des perspectives d’inflation et des conditions économiques actuelles dans la zone euro.
Un ajustement des taux pour accompagner la désinflation
Dans son intervention, Christine Lagarde a souligné que la réduction du taux de la facilité de dépôt était motivée par des indicateurs économiques montrant un ralentissement de l’activité et une modération de l’inflation. Si l’inflation a connu une baisse à 1,7 % en septembre, les pressions sur les prix intérieurs, en particulier dues à l’augmentation des salaires, demeurent importantes. L’inflation devrait s’accélérer à court terme avant de se stabiliser autour de l’objectif de 2 % en 2025.
Malgré des signes de ralentissement dans certains secteurs comme l’industrie et l’immobilier résidentiel, le marché du travail reste solide avec un taux de chômage stable à 6,4 %. Christine Lagarde a souligné que l’économie devrait reprendre progressivement grâce à la hausse des revenus réels et à la demande mondiale, tandis que les politiques budgétaires et structurelles devront se concentrer sur la compétitivité et la productivité pour soutenir la croissance.
L’impact des risques géopolitiques
Le Conseil des gouverneurs a également tenu compte des risques géopolitiques croissants, notamment la guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient, qui peuvent influencer les prix de l’énergie et perturber le commerce mondial. À cela s’ajoute la possibilité d’une inflation plus élevée si les salaires ou les bénéfices augmentent davantage que prévu. Toutefois, la BCE reste vigilante, prête à ajuster ses outils pour maintenir la stabilité des prix et préserver la transmission de sa politique monétaire.
François Villeroy de Galhau : une perspective française
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a salué la décision unanime de la BCE, qualifiant celle-ci de cohérente avec l’analyse des données économiques actuelles. Il a insisté sur le fait que la baisse de l’inflation à 1,7 % en septembre était plus marquée que prévu, confortant les perspectives d’atteindre l’objectif de 2 % plus tôt que prévu en 2025.
Une politique monétaire plus souple à venir ?
Villeroy de Galhau a également évoqué la question de la croissance européenne, affirmant que bien que l’économie européenne connaisse un « atterrissage en douceur » sans récession, un véritable rebond n’est pas encore en vue. Le maintien d’un taux d’épargne élevé des ménages et la faiblesse de l’investissement privé contribuent à cette situation. Il estime que la récente décision de baisse des taux est justifiée, et il anticipe d’autres baisses futures pour soutenir l’économie, tout en adoptant une approche pragmatique en fonction des données disponibles.
Sur la situation spécifique à la France, la politique monétaire de la BCE s’inscrit dans un contexte de modération de l’activité. Cependant, l’économie française bénéficie de la solidité de son marché du travail et d’un environnement propice à la consommation, à condition que les tensions sur les salaires et l’inflation soient maîtrisées. François Villeroy de Galhau a conclu en rappelant que la France, comme l’ensemble de la zone euro, doit rester agile face à l’incertitude économique mondiale et garder une flexibilité dans l’ajustement de la politique monétaire.
Conclusion générale
La réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE marque une étape importante dans l’ajustement de la politique monétaire de la zone euro, avec une baisse des taux directeurs visant à accompagner la désinflation tout en soutenant une reprise économique encore fragile. Christine Lagarde et François Villeroy de Galhau ont réaffirmé leur engagement à agir avec pragmatisme, en tenant compte des données économiques et des risques géopolitiques qui continuent de peser sur l’économie. La France, tout comme le reste de la zone euro, doit rester attentive aux évolutions économiques globales et poursuivre ses efforts pour maintenir une stabilité à long terme.