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Réglementation CRR3/CRD6

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Changements Majeurs Dus à la Réglementation CRR3/CRD6

 

La proposition législative de la Commission européenne, connue sous le nom de paquet bancaire CRR3/CRD6, marque une étape cruciale dans l’adaptation du secteur financier européen aux défis post-crise. Inspirées des accords de Bâle 3, ces réformes représentent un pivot réglementaire majeur, visant à renforcer la résilience des banques européennes face aux chocs économiques et financiers.

 

L’un des changements majeurs introduits par cette réglementation est la limitation du gain prudentiel résultant de l’utilisation de modèles internes par rapport aux mesures standards. Ce plancher en capital, ou output floor, vise à garantir que le niveau de fonds propres calculé en modèles internes ne soit pas inférieur à 72.5% des exigences calculées en approche standard. Cette disposition, conforme aux standards bâlois, vise à réduire la variabilité excessive des actifs pondérés en fonction des risques (RWA) et à renforcer la sensibilité aux risques des approches standards. En d’autres termes, elle cherche à assurer une évaluation plus précise du profil de risque des établissements financiers, favorisant ainsi la transparence et la comparabilité des ratios de fonds propres.

 

De plus, ces réformes reconnaissent l’importance des crédits cautionnés dans le paysage financier européen, en consolidant leur traitement spécifique en approche modèles internes. Cette reconnaissance renforce la solidité du modèle français de crédit immobilier, qui repose largement sur les crédits cautionnés.

 

En résumé, les changements majeurs introduits par la réglementation CRR3/CRD6 témoignent de l’engagement de l’Union européenne à renforcer la stabilité et la résilience du secteur financier, tout en reconnaissant les spécificités et les besoins des acteurs européens. Ces réformes représentent une réponse proactive aux défis posés par la crise financière mondiale de 2007-2009 et illustrent l’évolution continue du cadre réglementaire européen vers une supervision plus rigoureuse et une gestion des risques plus efficace.

 

Changements à Venir sur cette Réglementation

 

La proposition législative CRR3/CRD6 marque non seulement une étape importante dans la réglementation actuelle, mais elle annonce également des changements à venir qui façonneront l’avenir du secteur financier européen. En se basant sur les accords de Bâle 3, ces réformes anticipent les défis futurs et visent à garantir la solidité et la stabilité du système financier européen.

 

Une des principales évolutions à venir concerne l’élargissement des pouvoirs de surveillance des autorités compétentes. Ces nouveaux pouvoirs de surveillance couvriront des opérations telles que les acquisitions de participation significative dans des entités financières ou non financières, ainsi que les opérations de fusion ou de scission. Cette extension des pouvoirs de surveillance vise à renforcer la transparence et la gouvernance au sein du secteur financier européen.

 

De plus, la proposition CRR3/CRD6 prévoit des modifications substantielles au cadre de Fit and Proper, visant à harmoniser les pratiques de gouvernance au sein des grandes institutions financières. Cette initiative renforce l’évaluation des membres de l’organe de direction et des responsables de postes clés, assurant ainsi une gouvernance plus solide et plus transparente.

 

Enfin, ces réformes intègrent davantage les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans le cadre de supervision, en particulier le risque environnemental. La Commission propose ainsi de vérifier que les établissements financiers ont des modèles commerciaux et des stratégies alignés avec les objectifs climatiques de l’Union européenne, favorisant ainsi une transition vers une économie plus durable.

 

En conclusion, les changements à venir sur cette réglementation illustrent l’engagement de l’Union européenne à anticiper les défis futurs et à renforcer la résilience du secteur financier. Ces réformes visent à assurer une supervision plus efficace, une gouvernance plus solide et une intégration accrue des considérations environnementales, sociales et de gouvernance dans le cadre de réglementation, préparant ainsi le terrain pour un secteur financier plus robuste et durable dans l’avenir.

 

Interprétations Divergentes sur cette Réglementation

 

La réglementation CRR3/CRD6 suscite des interprétations divergentes au sein de l’industrie financière européenne. Bien que la Commission Européenne ait clairement défini les objectifs et les implications de cette réglementation, différentes parties prenantes peuvent avoir des perspectives contrastées sur ses effets et ses implications.

 

Impact sur les Besoins en Capital : Une des principales divergences d’interprétation concerne l’impact réel de la réglementation sur les besoins en capital des banques. Alors que la Commission Européenne estime une augmentation moyenne des besoins en capital de 6,4% à 8,4% pour les banques de l’Union Européenne, certaines voix de l’industrie suggèrent que l’impact pourrait être plus important, atteignant jusqu’à 18,6% selon des estimations alternatives.

 

Complexité des Méthodes de Calcul : Une autre divergence concerne la complexité accrue des méthodes de calcul des exigences de fonds propres. Alors que la Commission Européenne affirme que les nouvelles méthodes standard et internes sont plus sensibles aux risques et plus cohérentes entre elles, certaines banques et experts estiment que cette complexité accrue pourrait rendre la gestion du capital plus difficile et nécessiter des investissements importants en infrastructure et en technologie.

 

Adaptation des Métiers : Les réactions des différents métiers bancaires à la réglementation varient également. Certains métiers, tels que le leasing, les financements immobiliers et la banque d’investissement, pourraient être plus affectés par les nouvelles exigences de capital que d’autres. Les banques devront donc adapter leurs stratégies commerciales et leurs produits pour optimiser leur rentabilité sous le nouveau cadre réglementaire.

 

Harmonisation vs. Flexibilité : Enfin, il existe des divergences d’opinion sur le niveau d’harmonisation et de flexibilité offert par la réglementation. Alors que la Commission Européenne cherche à harmoniser les règles de calcul des exigences de fonds propres à travers l’UE, certains États membres et acteurs de l’industrie plaident en faveur d’une plus grande flexibilité pour tenir compte des spécificités nationales et des différences entre les banques.

 

En conclusion, la réglementation CRR3/CRD6 suscite des débats et des interprétations divergentes au sein de l’industrie bancaire européenne. Alors que certains y voient une opportunité de renforcer la stabilité financière et la résilience des banques, d’autres craignent que ses implications ne soient plus complexes et plus coûteuses que prévu. La manière dont ces divergences seront gérées et résolues aura un impact significatif sur la manière dont les banques s’adapteront à ce nouveau cadre réglementaire et maintiendront leur compétitivité sur le marché européen.