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Pourquoi la France parait-elle peu concernée par le boom des applis bancaires et financières ?

Woman checking account statement of her digital investment on her mobile phone

Aïe ! Nous n’allons pas forcément nous faire des amis du côté des directions marketing. Car celles-ci, découvrant le remarquable travail d’AppsFlyer, penseront sans doute y trouver des arguments très convaincants pour justifier l’orientation actuellement assez générale qui consacre l’essentiel des budgets marketing à la promotion des applis bancaires. Examinons cependant les choses d’un peu plus près.

Dans le rapport The State of Finance App Marketing qu’il vient de publier, le spécialiste de l’attribution mobile AppsFlyer décortique le boom que connaissent, dans le monde entier, les applis financières depuis les débuts de la crise sanitaire. Un boom que la France, cependant ignore pratiquement :

 

Les comparaisons sont frappantes en Europe. La France n’a pas complètement ignoré le mouvement, bien sûr. Mais alors que le décollage a particulièrement eu lieu fin 2020, il a pris une bien moindre mesure en France (+26%) qu’en Allemagne (+84%) ou en Grande-Bretagne (63%) :

Comment expliquer de tels écarts ? Apparemment, les établissements financiers français n’ont pas réalisé des dépenses marketing aussi élevées que leurs voisins anglais (+300%) ou allemands (+230%). Les banques françaises ont, semble-t-il, manqué d’agressivité commerciale. Pourtant, il n’en est rien. Car, en fait, on ne parle tout simplement pas de la même chose ! En France, ce sont les applis bancaires et celles des services financiers et néobanques qui ont été concernées :

Rien à voir en Allemagne et au Royaume-Uni où l’essentiel de la hausse des installations d’applis est due à ce qu’AppsFlyer nomme les « Investment Apps », type Robinhood, qui permettent de spéculer facilement sur les marchés boursiers et les cryptos.

La France a simplement davantage échappé que ses voisins au phénomène Robinhood, tandis que, globalement, les applis bancaires y ont connu un plus fort dynamisme qu’en Allemagne et de même niveau qu’au Royaume-Uni.

Par rapport à l’Allemagne, les applis financières françaises obtiennent des taux de conversion strictement comparables : 62% d’utilisateurs enregistrés le jour même du téléchargement (61% en Allemagne) et 77% dans les trois jours (78% en Allemagne). Mais ceci, en France, sans avoir fait exploser les coûts marketing comme en Allemagne (où ils ont presque quadruplé fin 2020 avant de s’effondrer) et au Royaume-Uni (où ils ont pratiquement doublé) :

En fait, l’essentiel du boom des installations d’applis ayant surtout été porté par les Investment Apps, les dépenses marketing qu’ont pu engager les établissements financiers ont été peu performantes (sur 700 millions d’installations d’applis en zone EMEA, 230 millions ont suivi des campagnes marketing), sinon à faire flamber les coûts d’acquisition ! Dans ces conditions, pour les banques, orienter l’essentiel des budgets marketing sur la promotion des applis serait sans doute une erreur.

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