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(Français) Sanlam-Saham : à quand les «synergies» promises ?

Le leader panafricain de l’assurance a réussi à préserver ses revenus malgré la crise, mais sa marge s’effondre et l’intégration des actifs africains du marocain Saham s’éternise.

Ce n’est finalement pas une surprise. 2020 et les conséquences de la crise sanitaire sur le secteur de l’assurance auront quelque peu freiné les ambitions panafricaines du géant sud-africain Sanlam.

Certes, ce dernier est parvenu à maintenir, voire légèrement améliorer ses revenus l’année dernière (87,2 milliards de rands, soit près de 5 milliards d’euros, comparés aux 84,25 milliards de rands de 2019

https://www.jeuneafrique.com/920849/economie/sanlam-le-leader-africain-des-assurances-chamboule-sa-direction/ ), mais les bénéfices tirés de sa méga-acquisition marocaine, effective au 1er octobre 2018, tardent encore à porter leurs fruits.

« Les valorisations de toutes les opérations du groupe ont été affectées par l’environnement opérationnel du Covid-19, contribuant à un rendement négatif de la valeur des fonds propres », reconnaît d’emblée le groupe.

SANLAM TRAVERSE LA PÉRIODE LA PLUS DIFFICILE DE CES DERNIÈRES DÉCENNIES

Sanlam affiche en effet un rendement de ses fonds propres négatif (-2,8 %) en 2020, contre un rendement positif l’année précédente (6,4 %), selon les derniers chiffres publiés. Un indicateur fondamental pour évaluer l’aptitude du groupe à poursuivre sa croissance – notamment dans une perspective d’intégration, avec une nécessaire capacité d’innovation et autres investissements associés.

RALENTISSEMENT ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Comme anticipé lors de la publication de ses résultats intérimaires, au mois de septembre dernier, « Sanlam traverse la période la plus difficile à laquelle le groupe a été confronté depuis de nombreuses décennies », expliquait Paul Hanratty, le DG du groupe, à cette occasion.

À présent, l’assureur sud-africain ne donne plus d’indication précise quant à la réalisation complète de l’intégration – à l’origine fixée, justement, à 2020 – de l’ex-Saham Finances dans ses activités.

« La réalisation des synergies prendra plus de temps que prévu initialement en raison du ralentissement de la croissance économique dans la zone d’influence de Saham à la suite du Covid-19. Nous restons convaincus que les synergies peuvent être réalisées, mais nous avons décidé de les laisser émerger en tant qu’écarts d’expérience positifs futurs », explique le groupe dans sa communication financière rendue publique à la mi-mars.

Pour les observateurs du marché, Sanlam a subi en 2020 « l’effet ciseaux » sur ses revenus qui sont challengés à la fois par le Covid-19 et par la santé économique des acteurs (de ses clients).
Ainsi, le résultat net de Sanlam est tombé à 2,9 milliards de rands l’année dernière, contre 7,1 milliards en 2019. La marge nette, elle, s’amenuise à 3,28 % (contre 8,5 % en 2019).

PART DE L’AFRIQUE DU SUD TOUJOURS LARGEMENT DOMINANTE

Pour rappel, Sanlam historiquement implanté en Afrique australe ( https:/ www.jeuneafrique.com/540014/economie/le-marocain-saham-cede-son-pole-assurances-au-sud-africain-sanlam-et-devient-un-fonds-dinvestissement/ ) avec une forte activité en assurance-vie souhaite développer ce segment dans les marchés de l’ex-Saham (une trentaine de pays en Afrique subsaharienne et au Maroc), dominés par l’assurance non-vie.

LES ANALYSTES NE S’ALARMENT PAS

Sur ce dernier volet, là aussi, un retard est à craindre puisque, toujours selon les données issues du rapport annuel 2020 de Sanlam, la part de ses activités sud-africaines est toujours largement majoritaire. Du moins, le périmètre de revenus hors de l’Afrique du Sud n’a pas évolué. Ce d’autant
qu’il a été décidé en mai de l’année dernière de suspendre les plans d’expansion en Égypte et en Éthiopie.

En effet, sur 87,2 milliards de rands de chiffre d’affaires en 2020, 57,3 milliards (65,7 %) proviennent d’Afrique du Sud, et 23,2 milliards (26,7 %) des « autres opérations en Afrique ». Ce ratio était de 65,3 % en Afrique du Sud pour 27,2 % pour le reste du continent en 2019.

Pas de quoi alarmer les analystes toutefois, qui anticipent un net redressement du résultat net à ses niveaux de 2018, dès 2021-2022, depuis la publication des derniers résultats du groupe.
Rendez-vous à mi-parcours, en septembre prochain.

 

Aurélie M’Bida pour Jeune Afrique, 23 mars 2021