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(Français) Comment expliquer les bons résultats des banques depuis deux ans ?

Face aux bons résultats des banques françaises ces deux dernières années (un résultat net cumulé des 6 principaux groupes bancaires français en hausse de 60,5% !), on entend beaucoup dire (nous ne parlons pas de tous ceux qui, aujourd’hui comme inlassablement depuis quinze ans, nous annoncent la faillite imminente des banques) que cela s’explique essentiellement par les gains enregistrés sur les marchés financiers en 2021 et par de massives reprises de provisions. La dernière publication de l’ACPR sur la situation des grands groupes bancaires français à fin 2021 permet d’avoir une vision plus juste.

Oui, les résultats des activités de marché ont été importants. Leurs contributions au PNB des banques françaises ont connu les plus fortes progressions. Mais elles demeurent, en montant, nettement inférieures à celle de la banque de détail en France.

Oui, après une année 2020 exceptionnelle, il y a eu d’importantes reprises de provisions – celles-ci ont diminué de 53,8%. Mais pour retrouver leur niveau de 2019.

Ces deux facteurs n’expliquent donc pas principalement les bons résultats. Lesquels traduisent des efforts commerciaux incontestables – les commissions nettes, qui stagnaient depuis des années, ont augmenté de 10,7% en 2021 – mais ne marquent pas une remontée spectaculaire de la rentabilité.

On ne peut manquer ainsi de souligner la situation de véritable aubaine dont ont bénéficié les banques ces deux dernières années. Certes, les taux sont faibles (cela se marque notamment sur le RoA des banques européennes comparé à celui des anglo-saxonnes). Toutefois la ressource ne coûte rien ! Elle est fournie par la banque centrale (les LTRO de mars à décembre 2021) et les clients eux-mêmes qui, dans un contexte d’incertitude et de taux très faibles, conservent largement leur trésorerie en compte courant.

Ainsi, à coût de ressource quasi nul, dans le contexte d’une économie largement soutenue par les secours publics, ce qui limite fortement les risques, on peut considérer que les bons résultats des banques ont été assez largement aidés.

En fait, dans un contexte difficile, les banques ont manqué d’opportunités. Leurs réserves auprès de la BCE, en effet, ont augmenté de 21,6%, pour un total de bilan qui n’augmentait lui que de 4%. Les volumes de crédit aux ménages ont enregistré une hausse de 4,7% et, parmi eux, ceux des crédits immobiliers aux ménages de 6,4% – une hausse quasi équivalente à celle des prix immobiliers, laquelle a fait croitre mécaniquement les encours.

Autre idée reçue : on imagine que les banques françaises sont plombées par les coûts engendrés par leurs réseaux d’agences et le fonctionnement de leur banque de détail. Cependant, si l’on compare dans le tableau ci-dessus les coefficients d’exploitation par lignes de métiers, d’autres réserves de productivité apparaissent.

Par comparaison avec la banque de détail, les coefficients d’exploitation des activités de marché paraissent anormalement élevés et la productivité de ces activités assez faible donc.

Quant à la Banque de détail à l’international, son coût du risque s’envole dès que son activité augmente.

Ce sont là deux maillons faibles des banques françaises, alors que toutes les conditions de la « situation d’aubaine » de ces deux dernières années sont en train de se retourner et menacent les activités de banque de détail en France.

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